Aller au contenu principal
Le Théâtre du Peuple, cent trente ans « par l’art et pour l’humanité »
Scène 1896 © Théâtre du Peuple - Maurice Pottecher

 

JUBILER : VERBE INTRANSITIF (LATIN JUBILARE, CRIS DE JOIE)
• ÉPROUVER UNE GRANDE JOIE, UNE SATISFACTION PROFONDE QUE L’ON LAISSE OU NON S’EXTÉRIORISER.

Cette saison auront lieu les 130 ans de notre Théâtre, âge vénérable mais qui demeure peu de chose s’il n’était accompagné de sa dimension symbolique.

En effet, qu’est-ce que 130 années pour une pierre, un morceau de fer, des éléments de bois ?
Qu’est-ce qu’un si petit morceau de temps pour des brumes, issues d’un infini cycle de l’eau ?
Qu’est-ce aussi à l’échelle d’une planète en marge d’une galaxie, au sein d’un univers qui ne se limite qu’à notre capacité à l’imaginer ?

Ce lieu est unique, magnifique, quelque peu magique, mais à quoi (ou à qui) attribuer sa longévité ? Pas de réponse pour qui jetterait un coup d’œil rapide.
L’extra ordinaire, se situe au-delà de la matérialité. À celle ou celui qui décide de porter son attention plus loin, au-delà des apparences, se révèle le secret. Bois, fer et pierre se sont tenus en place grâce aux paroles et aux gestes d’hommes et de femmes, qui ont mis au service d’une œuvre grande, d’un destin auquel ils ont cru, leur énergie, leur volonté, leurs moyens et leur foi. C’est ce liant -- l’aventure humaine qui a fondé le Théâtre du Peuple -- que nous sommes appelé·es à célébrer aujourd’hui.

Aucune fête digne de ce nom ne peut exister sans la joie d’être ensemble, sans celle de la rencontre et de l’échange.
Depuis plusieurs mois nous œuvrons communément, en équipe, avec les habitant·es de notre village, avec nos partenaires, grâce à toutes les bonnes  volontés. Et ce malgré les difficultés, les épreuves et les incertitudes, porté·es par l’élan fondateur de cette aventure qui perdure au travers du temps.

Nous le savons, nous sommes dans un moment de passage, à nous d’en inventer le rituel, à nous de défendre l’idée que dans ce monde qui change, l’utopie a encore sa place, à nous de passer la lisière…
Cet été à Bussang, au milieu de ces multiples célébrations, de ces expérimentations sensibles, nous croiserons dès la mi-juillet un roi aussi tyrannique que ridicule, inspiré par quelques-uns de ce monde. À la tombée des nuits d’août, une mystérieuse bête nous emmènera pour un voyage au cœur de la forêt sauvage.
À la fin de l’été -- dans une forme à inventer -- c’est une troupe de pionniers et de pionnières qui invoquera son héritage en prenant à partie brumes, pluies et soleil. En fin de saison la musique nous fera sortir du bois et en septembre, les journées du matrimoine mettront à l’honneur les femmes qui ont œuvré dans ce lieu.

Cette année comme depuis les (presque) cent trente passées, il s’agira de partager, de s’émouvoir et s’émerveiller : de faire humanité.

Alors, tous ensemble, jubilons !

Julie Delille, mars 2025